J’ai pleuré, j’ai tellement pleuré que mon époux ne savait pas quoi faire pour soulager ma souffrance. Les personnes qui étaient au courant de ce que je traversais, deux ou trois, je ne sais plus exactement à qui j’en ai parlé ne savaient pas non plus quoi faire. Pourtant tout le monde a essayé de m’aider, d’avoir des paroles de réconfort et d’encouragement. Mais rien de tout cela n’avait aucun effet parce que je souffrais littéralement dans ma chair et je me doutais bien que ce n’était pas une simple douleur comme je peux en avoir parce que je suis restée longtemps devant un écran et que j’ai les yeux fatigués et des maux de tête.
Tout a commencé après l’été 2020. Il fallait que je vois mon dentiste pour un contrôle et un bilan. Mais hélas, suite au confinement dû à la Covid-19 elle avait décidé de quitter la ville. Je vous épargne les détails sur la difficulté de trouver un dentiste avec des délais de plus en plus longs. Puis en avril 2021, j’ai réussi à consulter car j’avais des saignements au brossage depuis 3 à 4 semaines. D’abord l’expérience chez le dentiste a été traumatisante. Jusqu’à présent je reste convaincue d’avoir été victime du syndrome méditerranéen. Il n y a rien de plus déstabilisant qu’une personne qui ne vous croit pas alors qu’elle ne peut pas ressentir ce que vous ressentez. J’ai insisté, puis un soin a été fait, notamment la pose d’un composite. Je vous fais la version courte.
Puis, en novembre 2021, les douleurs ont repris. Mais cette fois, il n’y avait aucun saignement au brossage et les douleurs étaient différentes. Mon Dieu j’ai cru que j’allais en mourir. Enfin, c’est surtout mon esprit dans la douleur qui pensait ça. Qu’est-ce que nous n’avons pas essayé? Passer des appels toute la journée pour trouver un dentiste. Même le caractère urgent de la situation n’avait aucun effet sur la possibilité d’obtenir un rendez-vous. J’étais dépitée, nous étions dépités. Puis il y a eu ces appels nocturnes au SAMU qui n’avait pas non plus de solution et qui vous dit d’attendre le matin pour les urgences dentaires comme si la douleur allait se calmer pendant qu’on attend. Et puis finalement passer 3 heures à patienter pour avoir le dentiste d’urgence et quand vous réussissez à avoir à nouveau un opérateur, il vous dit que le dentiste a terminé sa garde.
Pendant ce temps, j’ai appelé, et encore appelé le cabinet de mon ancienne dentiste. Ils m’ont dit que je pouvais être reçue en décembre. C’était une bonne nouvelle, mais il fallait quand-même patienter 3 semaines. Comment j’allais tenir dans cet état? J’ai aussi réessayé dans le cabinet où j’avais été reçue en avril. On m’a fait savoir que le même praticien pouvait me recevoir dans deux jours. J’ai dit que je voulais changer de praticien et j’ai expliqué mes raisons. Les secrétaires ont cru que j’étais en train de lui faire un procès. J’avais juste besoin que mes émotions et mon expérience soient reconnues. J’étais en souffrance, mais j’ai fait le choix de ne pas y retourner. Puis je me suis dit, est-ce que ce n’est pas de l’orgueil? Avec du recul, je me dis que non, ce n’était pas de l’orgueil car j’ai vraiment été traumatisée par cet acte et comment il s’y est pris pour me faire ce soin.
Je suis donc allée voir mon médecin traitant qui m’a donné un traitement de choc et qui m’a souhaité bon courage. Il avait pitié de moi parce que je crois qu’il comprenait de quels types de douleurs il s’agissait. C’était rassurant. Le traitement a eu l’effet escompté, les douleurs se sont apaisées et j’ai arrêté de pleurer, d’avoir des insomnies, de ne pas pouvoir m’alimenter correctement.
Je n’avais jamais autant souffert avant. Des bobos ça nous arrive. J’ai déjà eu des douleurs avant cet épisode, mais pas au point d’avoir besoin d’être shootée aux anti-douleurs. J’étais littéralement shootée. Puis je me suis dit qu’il ne faut pas toujours condamner les personnes qui deviennent accros aux anti-douleurs tant qu’on ne peut pas savoir ce qu’elle ressentent. Ces médicaments te permettent d’avoir un moment de répit, de planner, et même de dormir parce que tu en as besoin, parce que ton corps et ton esprit sont épuisés de devoir lutter contre la douleur. J’avais l’impression que ma tête allait exploser, que mes yeux allaient sortir de leurs orbites, que j’allais m’étouffer tellement ça irradiait dans le cou et j’avais du mal à respirer. Et puis j’ai crié à Dieu, tout ça pour une dent? C’est pas un peu abusé non? Non, c’est pas abusé. Nos dents sont directement reliées à des nerfs. Je me doutais bien que ça avait certainement un lien.
Puis, lorsque j’ai pu voir le dentiste, le verdict était sans appel. J’ai un nerf touché. Elle a fait un soin d’urgence en attendant la petite opération qui doit durer environ 1 heure pour « tuer » le nerf parce qu’il n y a plus rien à faire si ce n’est une dévitalisation. J’avoue qu’en ce moment je médite sur cette future intervention. Je suis stressée, je fais des cauchemars. Et d’ailleurs, lorsqu’elle a fait ce soin d’urgence, je me suis excusée auprès d’elle parce que je trouvais que je ne lui avais pas facilité la tâche. J’étais stressée, j’avais peur parce que la dernière expérience traumatique était encore dans ma tête. Et c’est fou comme je n’avais pas réalisé à quel point ce traumatisme était profond. Mais tout s’est bien passé. Je lui ai posé des questions, j’ai été rassurée. J’ai besoin d’avoir des explications même si j’ai déjà lu des tas de choses parce que ce n’est pas moi la dentiste mais elle.
Le récit était long, mais c’était important pour moi de l’écrire parce que l’écriture est une forme de thérapie. Je voulais surtout dire que durant toute cette période, j’ai pu réfléchir et méditer à quel point une simple petite dent peut soumettre tout notre être à notre faiblesse. J’ai pu réaliser à quel point nous ne sommes rien. La douleur, elle, était bien réelle. Les actes de la vie quotidienne étaient devenus difficiles.
C’était aussi l’occasion de repenser à l’histoire de Job que j’aime beaucoup relire lorsque quelque chose ne va pas parce que ça me fait relativiser. Job est resté constant dans sa foi et fidèle à Dieu alors qu’il était en souffrance dans tous les aspects de sa vie et dans son corps. C’est incroyable! Je me suis dit que si ce que je ressentais n’était même pas la moitié de ce qu’il avait pu vivre et ressentir dans son corps, c’est qu’il aimait vraiment le Seigneur. Il aurait en effet pu le renier pour être soulagé, mais il a accepté sa souffrance comme une étape nécessaire pour se rapprocher davantage de Dieu.
Je voulais partager cette expérience pour vous dire de rendre grâce à Dieu pour votre santé. Ceux qui connaissent des affections n’ont pas toujours choisi de les avoir. Personne ne prend plaisir à souffrir dans son corps. Et quand votre corps souffre, votre mental aussi et j’ai envie de dire votre esprit souffre également. Rendons grâce à Dieu de pouvoir vaquer à nos occupations quotidiennes, rendons grâce de pouvoir nous lever le matin car c’est déjà un miracle et une raison de remercier le Seigneur. Les chrétiens sont souvent à la recherche de miracles et pourtant être en bonne santé est déjà un miracle. On ne s’en rend compte que lorsqu’on ne va pas bien et qu’on réalise que tout ce qui nous était facile jusque-là ne l’est pas et que si nous arrivons à faire tout ce que nous faisons au quotidien c’est d’abord parce que nous allons bien.
C’est la période des résolutions, des préparatifs pour aborder la prochaine année. Moi je vous exhorte humblement à demander au Seigneur la santé parce que de nombreuses choses découlent de ça. Durant ces dernières semaines, me doucher a été une épreuve, manger a été une épreuve, faire du ménage a été une épreuve, cuisiner a été une épreuve, travailler a été une épreuve. Tout, je dis bien tout était éprouvant. Et j’ai surtout compris pourquoi lorsque certaines personnes souffrent, elles ont besoin de crier. Crier soulage, crier aide à faire sortir de son corps une partie de cette souffrance qu’on ressent dans sa chair.
Je vous souhaite de belles fêtes de fin d’année et un temps de réflexion sur ces quelques paroles.
Grâce-No.