Brader c’est se débarrasser de quelque chose à n’importe quel prix. Le titre va peut-être choquer certains d’entre vous, mais je n’ai rien trouvé de mieux pour exprimer ce que je ressens au moment où j’écris ce billet.
D’abord, je vais te dire pourquoi je parle de la première communion comme une chose dont on voudrait se débarrasser, comme une simple formalité à accomplir ou une simple corvée pour les chrétiens, ou plutôt certains chrétiens. Il ne faudrait pas mettre tous les chrétiens dans le même panier. Ce n’est pas la première fois que j’ai à cœur de dire quelques mots sur cette question, et disons que là c’était un peu la fois de trop. Je te situe le contexte :
Dans un groupe Facebook composé de chrétiens qui échangent sur divers sujets en lien avec la vie quotidienne et la vie de foi, une personne a posé une préoccupation sur la possibilité pour deux de ses enfants de moins de 10 ans de faire leur première communion. C’est une très bonne chose. Après tout, lorsqu’on est chrétien, on s’engage à élever ses enfants dans la foi quand on se marie. D’après son récit, cette personne a fait savoir au prêtre de sa paroisse le désir de ses enfants de faire leur première communion. Le prêtre lui a fait comprendre que les enfants ne peuvent communier qu’après une année de catéchisme. Les enfants ne peuvent donc pas communier en 2021, mais il faudrait attendre 2022, soit une année de catéchisme. Il faut entendre par là, une année scolaire. Non contente de cette réponse, qui a attristé ses enfants, la personne se demande s’il ne faudrait pas changer de paroisse et trouver un prêtre qui accepte de donner la première communion aux enfants ou bien est-ce qu’il faut malgré tout demeurer dans l’obéissance. Je pense que cette personne veut faire plaisir à ses enfants, ce qui est louable, mais comme le précise justement le Compendium du Catéchisme de l’Église Catholique, pour le chrétien, la fin ne justifie pas les moyens.
Maintenant est-ce que tu comprends mieux pourquoi je parle de brader les sacrements, notamment la première communion dans ce cas ? Parce que dans cette grande braderie des sacrements, on retrouve aussi le baptême, la confirmation, le mariage, et tous les autres sacrements. Cependant, je ne vais pas faire de digression !
En France, je trouve parfois que les gens font un peu n’importe quoi. Certes, je suis originaire d’un pays dans lequel l’Église est encore très jeune, mais que l’on soit chrétien ou que l’on pratique autre chose comme c’est le cas au Gabon, on a du respect pour le sacré, ou pour l’institution ou les institutions qui les incarne. Respecter ne veut pas dire être béni-oui-oui parce qu’on peut se retrouver dans une secte à force. Dans l’Église de France, et c’est un constat purement empirique, les chrétiens sont continuellement dans une attitude de contestation à l’image de la société. Finalement je me demande quelle est donc la différence entre le chrétien dans la société, et le citoyen non chrétien ? La foi est juste devenue une annexe dans les vies de nombreux chrétiens, et plus du tout un système de valeurs et de références pour mener sa vie. Cela ne veut pas dire que l’Église est parfaite. Elle est composée d’Hommes pécheurs, et je suis souvent la première à critiquer avec beaucoup de véhémence l’Église, même si je ne le fais pas toujours publiquement, c’est-à-dire sur la Toile.
De nos jours, cela fait bien de se dire chrétien. Ça donne de la consistance et une certaine image en société. J’avais déjà employé l’expression chrétiennement correcte dans mes précédents articles de blog pour signifier justement le fait qu’on se dit chrétien et on donne l’impression de l’être sans vraiment l’être au fond de soi. La conversion se fait d’abord dans le cœur avant de se traduire en apparences. On peut donc avoir l’air chrétien alors qu’en fait on est juste religieux ou de tradition chrétienne parce que nés dans des familles où la pratique de la foi chrétienne était présente. Être chrétien c’est accepter véritablement le Christ dans sa vie, et non se contenter d’aller à la Messe ou bien de faire toutes ces autres choses qui montrent au monde que l’on est chrétien.
Dans un objectif pastoral, le prêtre peut en effet s’adapter à certaines situations particulières, même pour les sacrements. Cependant, l’Église n’est pas un marché où chacun vient se servir et prendre ce qu’il lui faut et s’en va vivre sa vie en dehors de l’Église. Ce n’est pas parce qu’on baptise les enfants au regard de la foi de leurs parents que la pratique est et doit être la même pour la première communion qui engage le communiant dans une démarche de foi personnelle. J’ai été assez choquée de lire un tel message et ce n’est pas la première fois que ça arrive. Ces groupes chrétiens sont de réelles pépites. Certes, nous y sommes pour apprendre les uns des autres, mais ce qui est étonnant c’est que lorsqu’on a un avis contraire, on passe pour une personne intolérance et psychorigide comme l’Église qui est souvent qualifiée d’institution dépassée qui doit s’adapter à son temps. Je t’avoue même que je m’abstiens dorénavant de répondre à certaines questions. On ne peut pas tout connaître sur tout. Je ne prétends pas connaître la Bible sur le bout des doigts, ni le Catéchisme de l’Église Catholique en entier. Mais certaines personnes ne font aucun effort lorsqu’elles ont des questions auxquelles l’Église a déjà répondu et continue d’apporter des réponses éclairées, par l’Esprit-Saint. En tout cas c’est ce que je crois et j’espère que toi aussi. On ne peut pas vouloir apprendre et être réfractaire aux réponses qui sont apportées. Je ne suis pas toujours d’accord sur tout. Mais ces désaccords doivent-ils nous opposer ou au contraire favoriser le dialogue ?
J’ai fait 3 années de catéchèse avant de recevoir la première communion. Donc désolée, mais ça me choque parfois quand je vois les personnes prendre cette démarche à la légère. J’étais une jeune adolescente. Comme beaucoup, j’avais déjà été baptisée plus jeune. J’avais simplement fait quelques séances d’éveil à la foi, puis j’ai été baptisée. Mais la première communion c’est une autre paire de manches, surtout lorsqu’on a plus de 6 ans déjà. Les 3 années de catéchèse abordent différents sujets du Catéchisme de l’Église Catholique. Donc au sortir de là, on est assez outillé pour pratiquer et vivre sa foi, en comprenant l’institution humaine qu’est l’Église. Ces 3 années sont également ponctuées par la lecture de la Bible et des recollections en fin d’année pour faire le bilan de l’année écoulée.
Certes, au-delà de l’institution, l’Église est d’abord et avant tout spirituelle. Elle est une communauté de personnes qui partagent la même foi et qui souhaitent marcher ensemble à la suite du Christ. Cependant, comme pour chaque groupement humain, il faut des règles, des directives, sinon ça devient l’anarchie. Faire 3 années de catéchèse voulait dire aller en cours tous les samedis après-midi pendant au moins 2 heures, suivre des cours, avoir des évaluations, et être en plus présente à la messe le dimanche matin parce que la présence était notée dans un carnet. Et si on avait un taux d’absence considérable, notre motivation à recevoir les sacrements était réévaluée. Aussi étrange que cela puisse paraître, certains d’entre nous redoublaient leurs classes. Cela représente beaucoup dans la vie d’un enfant, mais je crois aussi que c’est un apprentissage de la discipline et de la persévérance. Nous sommes dans une époque où les gens veulent tout et tout de suite. On ne sait plus attendre, patienter. On ne sait plus cultiver l’effort pour arriver à un résultat satisfaisant. Donc quand j’ai lu ce message, je me suis dit, mais si cette personne change de paroisse pour faire plaisir à ses enfants, quel est le message qu’elle va leur envoyer ne serait-ce que vis-à-vis de l’Église ?
Je pense que je vais m’arrêter là et simplement dire aux parents que c’est la rentrée, c’est encore le moment d’inscrire ses enfants au catéchisme. Et surtout, j’ai envie de leur dire que ce n’est pas une course. Si les enfants ne sont pas prêts cette année parce qu’ils ont déjà d’autres engagements ailleurs, cela peut attendre. De toutes les manières, c’est par le baptême qu’on entre dans la grande famille des enfants de Dieu. C’est lorsque Jésus a été baptisé que le Saint-Esprit est venu attester qu’il est l’enfant de Dieu. La communion est une autre démarche de foi, une autre démarche spirituelle et les enfants doivent en avoir conscience avant de leur insuffler l’idée que c’est chouette d’avoir une belle fête de première communion et les cadeaux qui vont avec. Si les parents eux-mêmes n’éprouvent aucune forme de respect pour leur croyance, comment les enfants le feront-ils ? Si le désir est là, on peut l’entretenir de bien des manières par un engagement en paroisse (scouts, servants d’autel, etc.). Ce n’est pas parce que le désir est là qu’il faut sauter tête baissée. Même pour se marier il faut un temps de discernement et de préparation. Pour entrer au couvent ou au séminaire il faut un temps de préparation et de discernement. L’année de catéchisme suggérée par le prêtre n’est qu’un temps de réflexion, de discernement et de maturation de la foi éclairée par l’intelligence et l’Esprit-Saint.
Je vous exhorte donc chers parents, soyez obéissants, soyez patients, et accompagnez vos enfants sur leur chemin de foi sans les brusquer et sans leur donner le sentiment que tout leur est dû et qu’il faut se presser pour tout avoir tout de suite. Et puisque nous sommes en début d’année, c’est maintenant qu’il faut inscrire les enfants pour qu’ils puissent recevoir leur première communion à la fin de l’année scolaire.
À bientôt et que Dieu vous bénisse !
Grâce-No.